A l’écoute du Monde

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1 – Quand Internet n’existait pas

A l’époque où le Web et les réseaux sociaux n’existaient pas, la radiodiffusion internationale donnait à l’auditeur le moyen d’entendre d’autres langues, d’autres cultures et lui offrait des imaginaires venus de pays parfois très exotiques.

Des émetteurs puissants se partageaient les gammes de  fréquences dédiées à la radiodiffusion mondiale alors que d’autres plages étaient réservées aux communications privées ou publiques, entre professionnels ou amateurs.

Au delà de l’actualité mondiale et de l’apprentissage d’une langue, il y avait un intérêt plus technique dans la recherche de pays lointains et la satisfaction de recevoir des stations de radio de moindre puissance. Une chasse permanente, rythmée par les conditions de propagation des ondes radio !

Un Dxer (1)ou SWL (1)  est un passionné d’écoute radio qui pratique le Dxing (1). Ce hobby technique consiste à rechercher et à identifier des stations radioélectriques émettant sur différentes bandes de fréquences. Il nécessite un poste récepteur et au moins une antenne réglée sur les fréquences écoutées, si possible bien dégagée des obstacles. Il pourra alors adresser un rapport d’écoute (1) à la station émettrice et solliciter une confirmation de sa réception par lettre ou carte QSL (1). Cette pratique est encore courante dans le milieu des radioamateurs.

On obtient ainsi une collection de cartes et de « goodies » (fanions, autocollants, livres ou timbres postaux du monde entier). La période 1970/2000 a été très riche en communications sur le large spectre des fréquences radioélectriques.

Nous verrons qu’à l’heure des transmissions numériques beaucoup d’utilisateurs ont abandonné les « ondes radio » qu’ils jugeaient dépassées. Pour autant,  certaines circonstances font ressurgir ces moyens rustiques.

2 – Papa, qu’est-ce qu’il dit ?

Mon premier contact avec le monde des Ondes Courtes ne date pas d’aujourd’hui. J’avais 6 ou 7 ans. C’était toujours une grande joie pour moi de m’assoir à côté de mon père, devant le poste à transistors acheté au retour de son séjour en Antarctique.  Ce poste Telefunken possédait plusieurs bandes d’ondes courtes et une grande antenne télescopique. Les messages en code Morse, que mon père me traduisait, étaient pour moi très mystérieux. J’étais fasciné par l’idée que ces sons, faits de points et de traits, puissent signifier quelque chose.

Depuis cette date, le virus ne m’a plus quitté ! Pour pratiquer la réception radio à longue distance, il faut un minimum d’équipements. Un récepteur radio couvrant en continu le spectre des hautes fréquences (1) voire les gammes VHF (1)ou UHF (1). et comme je l’ai déjà indiqué, une bonne antenne de réception.

L’installation se complète au fil du temps : récepteurs couvrant d’autres gammes de fréquences, antennes dédiées, enregistreurs, alimentations, filtres. Durant près de 40 ans, de nombreux récepteurs ont été alignés sur mes étagères. Il faut dire qu’il y avait matière à écouter.

3 – Des postes et encore des postes

Récepteur BC-312

Mon premier poste ondes courtes était un BC-312 utilisé par l’US Army durant la seconde guerre mondiale. Ce poste à tubes avait été récupéré par mon père dans un surplus américain. Il couvrait des fréquences jusqu’à 18 MHz (1). La recherche des stations se faisait en tournant une grosse manivelle et l’alimentation secteur était aussi volumineuse que le poste ! Les toutes  premières stations de radio reçues étaient Radio Canada International et Radio Nacional de Brasilia. Je disposais alors d’une antenne filaire extérieure de 12 mètres, complétée par une antenne fouet AN29 de 4 mètres, provenant elle aussi d’un surplus américain !

Kenwood QR-666

A 16 ans, je me souviens avoir travaillé pour une grande entreprise fabriquant des matériels électroniques. Tôt le matin il fallait décharger des camions de 38 tonnes venus d’Allemagne. Au bout d’un mois, j’avais gagné suffisamment d’argent pour m’offrir un récepteur tout neuf, un Kenwood QR-666. Avec l’usure des années, lorsque le poste chauffait, la ficelle qui entrainait le tambour des fréquences se détendait, et là, le bouton de changement de fréquence tournait dans le vide ! C’est avec ce poste que j’ai reçu pour la première fois des radioamateurs des Terres Australes et Antarctiques Françaises …

Yaesu FRG-7000

Mon troisième récepteur a été un Yaesu FRG-7000. Ce poste possédait enfin un affichage numérique de la fréquence, au kiloHertz (1) près ! Cette « précision » facilitait grandement la recherche des stations. Sachant qu’aujourd’hui l’affichage se fait au Hertz (1) près (1 KHz = 1000 Hz) vous voyez l’évolution de la précision des synthétiseurs de fréquences ! Ce récepteur était plutôt de bonne qualité, mais la technologie évoluant, il n’était plus assez sensible aux signaux faibles et pas assez précis pour l’affichage de la fréquence.

Ligne NRD-515 – Sony ICF-SW7600G – Scanner Yupiteru MVT-7300EU

Quelques années plus tard, j’ai fait l’acquisition d’une ligne NRD-515 (récepteur, haut-parleur, unité de mémoires, filtres). C’était un poste de qualité semi-professionnelle fabriqué par JRC (Japan Radio Company) . Avec une couverture en continu jusqu’à 30 MHz (1) et une précision d’affichage de 50 Hz (1), ce récepteur est toujours fonctionnel. Par la suite j’ai utilisé d’autres récepteurs radio, un Sony ICF-SW7600G pour les voyages, unAOR3000A et un scanner (1) portatif Yupiteru MVT-7300EU.

 

Le S-mètre (1)
Comme on peut le voir sur les différentes photos présentées ci-dessus, tous les récepteurs possèdent un instrument de mesure qui donne une indication sur la la puissance relative d’un signal radio reçu par le récepteur. On l’appelle communément S-mètre ou S-meter. La lettre « S » indique que cet instrument mesure la force du signal (strength).

Entre chaque graduation – de 1 à 9 – il y a un facteur de 2 (6dB). Au-delà de ces chiffres, les industriels ajoutent des repères en décibels (+10 – +20 – +30 – +40 …)

 

Le S-mètre du récepteur Winradio

Le S-mètre du récepteur NRD-515

Nettoyage des circuits du NRD-515

Les équipements « made in Japan » sont vraiment au top en matière de qualité de conception et de réalisation !

Aucune panne sérieuse malgré les heures d’utilisation. J’ai remédié à une fuite accidentelle des piles alimentant l’unité de mémoire et à des craquements sévères du potentiomètre de volume.

Chaque année, je démonte les boitiers métalliques pour retirer la poussière qui nuit au fonctionnement des composants et je nettoie toutes les pistes des potentiomètres !

 

 

Le récepteur Winradio et son bloc d’alimentation secteur

Une acquisition datant déjà de quelques années, un poste Winradio WR-G305E. Ce scanner (1) SDR (1) se présente sous la forme d’un petit boitier contenant l’électronique, associé à un logiciel représentant la façade et les commandes du récepteur.

Quand on a été habitué à  de vrais boutons, ce type d’interface déroute beaucoup car tout se fait avec la souris de l’ordinateur ! Avec une couverture de 9 KHz (1) à 1800 MHz (1) et un affichage au Hertz (1) près, le traitement numérique des signaux se fait par logiciel.

Ce modèle ne présente pas des caractéristiques exceptionnelles en termes de protection contre les signaux forts, mais il fait son job. Je reçois les communications aéronautiques sur toute la moitié Ouest de la France, les satellites et beaucoup d’autres stations émettrices. Plus près de l’océan je recevrais les bateaux … mais il faudrait alors que je m’équipe d’un Van pour faire de la réception nomade et qu’une amie me prête un de ses kits solaires (1)

Communication radio ISS-Terre entre Thomas Pesquet, astronaute de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) et des collégiens français (2)

La façade du récepteur, un logiciel de tracking satellite et la télécommande de l’enregistreur de Sound Forge Pro

4 – A l’écoute du monde

Quelques stations captées sur les bandes ondes courtes et ondes moyennes (1) (2)

Ligne JRC NRD 515

Tout a commencé avec la réception des stations de radiodiffusion. Pour chasser les émetteurs, les nuits étaient parfois un peu courtes. J’ai ainsi reçu la confirmation de la réception de centaines de stations. J’étais devenu DXer (1) et correspondant de nombreux clubs internationaux. Ce hobby offrait une ouverture sur d’autres cultures, mais aussi des échanges entre DXers (1). Aujourd’hui nous avons d’autres moyens à notre disposition pour accéder à l’information. Mais il fallait tout recevoir, tout écouter. D’autres émissions se bousculaient en dehors des bandes de radiodiffusion, et cela ne pouvait que satisfaire mes oreilles curieuses !

Dans cette jungle, il fallait bien se spécialiser un peu . J’avais pris pour habitude de chasser les stations de broadcast (1) dans les bandes tropicales (Afrique et Amérique Latine) et plus particulièrement les stations commerciales de très faible puissance.

La recherche de stations utilitaires rares émettant dans de multiples modes digitaux faisait aussi partie de mes activités favorites. Durant une dizaine d’années, les émetteurs mondiaux crachant des centaines de kilowatts étaient devenus de véritables ennemis. Sortir les stations microscopiques de ce vacarme infernal tenait plus du sport que du loisir technique.

5 – Les caprices de la propagation

Le widget (1) ci-dessous est la base pour suivre la propagation des ondes. Il produit de nombreuses informations en temps réel, dont le nombre de taches solaires  (SN) et une évaluation de la propagation des ondes dans quelques bandes de fréquences !

Ainsi, pour recevoir une station radioélectrique donnée, il ne suffit pas d’allumer son poste de radio. Sur ondes courtes, les conditions de propagation varient en fonction de l’heure, de la fréquence, de la saison et de l’activité du soleil. Les ondes se propagent par réflexion sur les couches élevées de l’ionosphère et le sol, en effectuant des bonds successifs autour de la terre à la vitesse des ondes électromagnétiques (1).

L’état de ces couches varie en fonction du rayonnement solaire, et notamment du nombre de taches solaires ou nombre de Wolf (1). Suivant l’intensité de l’activité solaire, on disposera d’un bon ou d’un mauvais miroir, donnant des jours ou des nuits de grande activité radio ou de silence total ! On observe ces variations de l’activité solaire au cours d’un cycle moyen d’environ 11 ans.

Le Sunspot Number
Le cycle 24 a commencé en 2008 et s’est terminé début 2020. Il a été un de 4 plus faibles mesurés depuis un siècle avec 116 taches solaires contre 179 en moyenne !   Le maximum du cycle 25 est prévu pour 2025 et devrait compter 115 taches selon la NASA. Mais on attend 2025 pour confirmer les travaux d’autres chercheurs qui annoncent plutôt un cycle exceptionnel avec un nombre de taches solaires compris entre 210 et 260 !
Affaire à suivre …

 

On a vu que les conditions de propagation dépendent de plusieurs facteurs dont la fréquence d’émission. Lorsqu’on augmente la valeur de cette fréquence, la réflexion vers le sol s’arrête dès que l’on atteint une valeur dite fréquence critique  (Fc).

Cette fréquence critique n’est pas la fréquence maximale utilisable. Dans les calculs des prévisions de propagation on définit la  MUF (Maximum Usable Frequency) ou « fréquence maximale utilisable »  en tenant compte de modèles ionosphériques, de l’angle de tir de l’antenne d’émission, du trajet entre l’émetteur et le récepteur et bien sur de la fréquence critique Fc. De la même façon, la LUF (Lowest Usable Frequency) correspond à la  « fréquence minimale utilisable ».

En résumé, pour une liaison donnée, la  LUF est la fréquence à partir de laquelle commence la réflexion (en dessous il y a absorption par l’ionosphère) et la MUF est la fréquence à partir de laquelle s’arrête la réflexion (au-delà les ondes traversent l’ionosphère).

 

La propagation des fréquences HF et VHF

6 – Réception de la mire TV monochrome d’URSS

Mire TV d’URSS reçue en Août 1981

Dans les années 80, les liaisons radio longue distance et les réceptions exceptionnelles étaient plutôt courantes, il faut dire que le nombre de taches solaires était d’environ 200 !  L’oeil rivé sur les prévisions de propagation et l’activité solaire, le Dxer (1) subit souvent ses caprices , mais dans les meilleures périodes, la pêche peut être miraculeuse !

Je me souviens de certaines journées durant lesquelles on recevait des stations de TV étrangères en VHF (1) ou UHF (1) jusqu’à une heure avancée de la nuit. Je n’avais jamais reçu autant de pays européens sur une simple antenne TV télescopique et au mieux sur une antenne de caravane !

Cette mire noir et blanc de la télévision russe (URSS) a été reçue sur l’antenne télescopique d’un minuscule téléviseur portable. La photo est celle de mon écran de 12.5 cm de diagonale ! Aujourd’hui de telles réceptions ne relèvent plus de la performance. La fibre et le satellite ont banalisé l’arrivée de la Télévision mondiale dans nos salons ! La magie s’est un peu évanouie.

Ici Radio Moscou
Radio Moscou, que l’on recevait si facilement tout autour du monde, n’est plus active aujourd’hui, remplacée par d’autres médias diffusant principalement sur le web. Lorsque j’ai débuté dans ce hobby, la réception d’un accusé de réception d’une station  radio était toujours une joie,  même si cette réception ne représentait pas un exploit compte tenu de la puissance des émetteurs (USA, Chine ou URSS). Afin d’obtenir le détail de l’organisation des indicatifs des radioamateurs d’URSS, le service français de Radio Moscou m’avait demandé de fournir 8 rapports d’écoute d’une heure. 8 heures de propagande russe, c’était le « deal » pour obtenir les précieux documents ! Alors j’ai répondu à cette demande et finalement Radio Moscou m’a adressé un courrier dactylographié d’une dizaine de pages avec tous les détails de l’organisation par région !

On se demande pourquoi nous gardons des documents obsolètes durant des années, alors on fait un tri stupide. Aujourd’hui je regrette de ne pas avoir conservé ce précieux document ainsi qu’une édition du Petit Livre Rouge cadeau de Radio Pékin !

7 – Cartes QSL, Fanions et Certificats

 

Radio Moscou au temps où la Russie de Poutine était encore l’URSS !

Fanions des stations de radiodiffusion reçues

Fanions et Certificats de Clubs Ondes Courtes

La carte QSL de Radio Canada International

8 – La fin d’une époque annoncée

Jusqu’en 1990, l’activité dans les bandes décamétriques fut très importante. De nombreux services se partageaient les fréquences comprises entre 3 et 30 MHz (1) : organismes de radiodiffusion, services de secours et de sécurité, agences de Presse, services météo, gouvernements, ONG, radioamateurs.

Face aux systèmes traditionnels devenus obsolètes, l’inévitable évolution technologique a accompli son oeuvre. Avec le développement des liaisons par satellite et par relais terrestres, les ondes HF (1) ont été  peu à peu abandonnées par les services officiels (stations côtières, agences de presse, liaisons gouvernementales, météo, ONG).

Ainsi, à l’aube du 21ème siècle, des voix connues sur toutes les mers du monde se sont éteintes. St Lys Radio , la fréquence de détresse CW (1) sur 500 KHz (1) et bien d’autres stations côtières sont entrées dans le royaume des « Silent Key » .

Début de vacation de Saint Lys Radio (2)

Dernier message Morse transmis par Saint Lys radio (2)

SK, VA, Silent Key
Dans les liaisons radiotélégraphiques les lettres SK transmises comme un seul mot (di di dit-dah di dah) signifient « fin de transmission, je n’attends pas de réponse de votre part »
En France le SK devient VA (di di di dah-di dah)

Les initiales S et K transmises séparément (di di dit) (dah di dah) signifient « Silent Key », expression respectueuse pour indiquer le décès d’un radioamateur.

Au fil des ans, un grand nombre de pays ont demandé aux gestionnaires des centres de diffusion de fermer totalement ou partiellement leur service ondes courtes. Dans certains pays, les antennes ont été démontées et les bâtiments loués à des entreprises. La Chine par exemple a fait le choix de maintenir et même de développer son service ondes courtes et a ainsi pu bénéficier des infrastructures abandonnées. Progressivement les émissions destinées à l’étranger sont passées des ondes courtes au web et aux réseaux satellitaires.

Il est certain que les bandes ondes courtes, telles que je les ai connues, sont bien mortes aujourd’hui. Les clubs ondes courtes de nombreuses stations ont été supprimés (Radio Berlin International, Radio Budapest, Radio Canada, Radio Australia…). On trouve encore sur le Web des extraits audio mis en ligne par des passionnés. Les émissions débutaient toujours par un court extrait d’identification, l’ Interval Signal (1) qui permettait de retrouver facilement une station …

Nous allons voir maintenant que des stations de radiodiffusion et des réseaux de télécommunications peuvent renaitre dans les périodes de conflit.

9 – La guerre des ondes

EC-130J Commando Solo -U.S. Air Force

L’activation de réseaux radio s’intensifie lors de conflits. De nombreuses fréquences sont soudainement occupées par des réseaux militaires et gouvernementaux.

Dans le domaine de la radiodiffusion, des stations clandestines d’opposition apparaissent temporairement pour diffuser des émissions dirigées contre les régimes en place. Généralement soutenues par des organismes puissants, ces stations participent à la guerre psychologique (1). On voit alors les major broadcasters (1), modifier leurs grilles de diffusion (temps d’antenne, fréquences, langues, puissance des émetteurs) pour amener l’information au plus près des populations ou des troupes engagées sur le terrain. Le brouillage intentionnel des émetteurs « indésirables » se pratique couramment.

Dans les airs, de puissants moyens de guerre électronique sont mis en oeuvre. Bourrés de technologies « high tech », ces avions sont engagés pour couvrir des zones hostiles avec pour mission la détection, les mesures, le brouillage ou la diffusion de messages. Au sein de l’ OTAN, l’US Air Force  dispose d’avions, qui sont de véritables studios capables de mettre en place des bulles WIFI ou de diffuser des messages audio/vidéo destinés aux troupes et aux populations . Ces messages peuvent être émis sur une vaste gamme de fréquences !

Dans le premier extrait audio ci-dessous, l’EC-130J Commando Solo de U.S. Air Force diffuse ses messages depuis les airs, puis dans le second extrait, un brouilleur de l’armée libyenne est activé (2)

Extraits de messages transmis lors du conflit avec la Libye

Depuis 2022, la guerre en Ukraine a fait renaître des stations locales, avec le soutien des « major broadcasters » (1). Des diffuseur comme la  BBC ont repris leurs émissions vers  l’Europe de l’Est. Permettre d’écouter la radio sur un petit transistor est plus facile que de donner un accès Internet à chaque citoyen ! La rusticité et la simplicité des moyens engagés est un avantage lorsqu’il s’agit de diffuser l’information ou d’établir des communications à longue distance. Ces moyens ne font pas forcément appel à la haute technologie et sont relativement simples à exploiter.

Si aujourd’hui les satellites permettent l’échange de données, la transmission de la voix, de l’image ou de la vidéo, ces réseaux restent fragiles notamment lorsqu’ils appartiennent à des entreprises privées, qui peuvent du jour au lendemain, réduire ou interrompre le trafic. Ces réseaux peuvent aussi être détruits à distance par des pays hostiles …

10 – Le paysage se transforme

Si les Radios de combat ont cessé d’émettre avec l’écroulement des régimes politiques des pays de l’Est, les événements internationaux montrent bien qu’un abandon total des bandes décamétriques est difficile. Les ondes courtes restent donc l’instrument privilégié de la radiodiffusion mondiale : 2,5 milliards d’auditeurs écoutent les ondes courtes ; à chaque instant, 200 millions de postes récepteurs sont branchés sur cette gamme de fréquences. Aujourd’hui, elles sont le seul moyen qui offre la possibilité de toucher une population aussi large, quel que soit le lieu.

Les principaux acteurs du monde de la radiodiffusion se sont réunis dans les années 2000 au sein du Consortium DRM (Digital Radio Mondiale) afin de mettre en oeuvre la technologie numérique. Les émissions en ondes courtes et la diffusion en ondes moyennes devaient bénéficier des améliorations procurées par le passage au numérique :

  • diminution du fading ou évanouissement du signal,
  • diminution des brouillages générés par des émissions voisines,
  • sélection automatique du meilleur signal disponible –
  • apport de services similaires au RDS de la FM –
  • compatibilité avec la diffusion analogique permettant d’utiliser les récepteurs actuels puis de passer progressivement au numérique).

mais comme on peut le constater aujourd’hui, ces belles perspectives sont finalement restées dans les tiroirs des ingénieurs ! Leur hobby étant déjà bien abîmé , les Dxers n’ont plus qu’à souhaiter que les bandes décamétriques ne deviennent pas totalement silencieuses. Croisons les doigts pour qu’un jour le Dxing n’entre pas, lui aussi, dans l’Histoire des Ondes Courtes.


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Renvoi 1 : Le lexique radio du Dxer
LEXIQUE RADIO DU DXER
Bande FM L’appellation « bande FM » est un abus de langage car la modulation de fréquence peut être réalisée dans n’importe quelle bande de fréquences. On pourrait parler de la « bande de fréquences dédiée aux stations de radio diffusant en FM », mais au quotidien on préfère dire « bande FM »
Broadcast Radiodiffusion
Carte QSL La carte QSL est une carte confirmant la réception d’une station radio (cartes échangées entre radioamateur, ou confirmant la réception d’une station de radiodiffusion)
Code SINPO Evaluation de la réception par un code de 5 chiffres prenant chacun une valeur de 1 à 5
CW CW signifie Onde Continue. Dans les communications CW, une porteuse continue est transmise tant que les contacts du manipulateur sont fermés. En établissant et en coupant les contacts selon des modèles spécifiques, des caractères et des messages entiers peuvent être envoyés (radiotégraphie, code Morse)
Dx Grande distance ( X pour distance inconnue)
Dxer Personne qui pratique le Dxing. Chasseur de stations radio lointaines rares
Dxing Hobby qui consiste à rechercher et à identifier des stations radio émettant à longue distance. Selon la nature des signaux captés et les bandes de fréquences écoutées, on distingue : le Dx Radiodiffusion sur LW, MW et SW, le Dx FM, le Dx TV , le Dx concernant les émissions de stations utilitaires (maritimes, aéronautiques, gouvernementales, météo, ONG) , le Dx sur les bandes radioamateur ou CB
EM Emission
ER Emetteur-Récepteur
GHZ Gigahertz – 1 GHz = 1000 MHz
GMT Temps moyen du méridien de Greenwich = TU = UTC
Grandes ondes Voir LW
Guerre psychologique Utilisation de techniques psychologiques pour amener l’adversaire à penser qu’il est en position de faiblesse et qu’il doit se rendre mais aussi pour soutenir ses propres troupes et la population. C’est une guerre des idées qui met en œuvre des moyens PsyOps
HF High frequency – Spectre des Hautes fréquences – Désigne aussi les fréquences comprises entre 3 et 30 MHz (domaine des ondes décamétriques)
Hz Hertz – Unité de fréquence
IS Interval Signal – Court extrait musical accompagné de l’identification de la station de radio ainsi que des fréquences actives qui était émis avant l’heure de diffusion. L’IS permettait d’identifier facilement une station
kHz Kilohertz – 1 kHz = 1000 Hz
Kit solaire Ensemble constitué de panneaux solaires, d’un onduleur pour produire de courant alternatif et de batteries (groupe électrogène solaire)
LW Longwave – Grandes ondes ou GO
Major Broadcaster Grand diffuseur (BBC, VOA, )
MHz Mégahertz – 1 MHz = 1000 kHz
MW Mediumwave – Ondes moyennes ou OM
Nombre de Wolf Le nombre de Wolf mesure le nombre de taches solaires et de groupes de taches solaires présents à la surface du Soleil. On dit aussi « nombre relatif de taches solaires » ou nombre de Zürich
Ondes courtes Voir HF
Ondes électromagnétiques Les ondes électromagnétiques sont des ondes capables de se déplacer dans le vide ou l’air à la vitesse de la lumière soit 300000 kilomètres par seconde (Km/s)
Ondes moyennes Voir MW
PsyOps Les Opérations Psychologiques font partie de la guerre psychologique. Elles intègrent aujourd’hui un grand nombre de supports de diffusion de la propagande ou de la désinformation ciblée (sites Internet, diffusion de message sur ondes courtes, bande FM, TV, réseaux sociaux, vidéos)
QSL Dans le code « Q » utilisé par les radiotélégraphistes, QSL signifie « je vous donne accusé de réception ».
Rapport d’écoute Document transmis aux stations émettrices aux fins de confirmation de la réception.(détails du programme écouté, date, heure, fréquence, évaluation technique par code SINPO (3)
RX Poste récepteur
Scanner Récepteur permettant de balayer des banques ou des plages de fréquences
SDR Radio logicielle (software-defined radio) – Toute l ‘électronique est enfermée dans un petit boitier et un logiciel représentant la façade du poste permet de l’utiliser principalement avec la souris
S-mètre Le S-mètre est un instrument de mesure qui donne la puissance relative d’un signal reçu par un récepteur radio. Cet indicateur équipe les récepteurs de trafic à usage professionnel, Citizen-band ou radioamateur. Il est gradué de 1 à 9 et en décibels au delà de 9. La mesure peut aussi être donnée dans d’autres unités
Sunspot Number En abrégé SN, nombre de taches solaires
SW Shortwave – Ondes courtes ou OC – Voir HF
SWL Shortwave listener – Ecouteur d’ondes courtes
Taches solaires Une tache solaire est une région sur la surface du Soleil marquée par une température inférieure à son environnement et a une intense activité magnétique.
TU Temps Universel = UTC = GMT
TX Poste émetteur
UTC Temps Universel Coordonné = TU = GMT
UHF Ultra High frequency – Ultra Hautes fréquences – Désigne la bande du spectre radioélectrique comprise entre 300 MHz et 3 000 MHz
VHF Very High Frequency – Très hautes fréquences- Désigne les fréquences comprises entre 30 et 300 MHz (domaine des ondes métriques)
Widget Application informatique qui permet l’affichage d’informations et de services variés

Renvoi 2 : Fichiers audio
Tous les enregistrements radio ont été réalisés avec les équipements de ma station de réception, à l’exception des enregistrements de St Lys Radio provenant d’Internet.

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Renvoi 3 : Le code SINPO

Pour les curieux qui souhaitent en savoir plus
A lire également : La radio de papa
Article réécrit le : 01/08/2023
Modifié le : 27/09/2023
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