L’isolation phonique des locaux

L’isolation phonique, ou isolation acoustique, a pour objectif d’éviter la propagation du bruit.

 

I – PREAMBULE

mousse

Ce dossier met l’accent sur la complexité des questions liées à l’isolation et aux corrections acoustiques.
Si vous souhaitez des solutions sérieuses (pas celles qui font appel à des boîtes à oeufs…) nous vous conseillons vivement de prendre conseil auprès de spécialistes en acoustique architecturale (cabinet d’architectes par exemple). Les matériaux sont souvent onéreux et un mauvais conseil peut entraîner des dépenses lourdes pour des solutions inadaptées. Une étude technique tiendra compte de votre budget, de vos souhaits, mais aussi des nombreuses contraintes liées à votre construction, finalement tout ce qu’un vendeur non spécialisé ignore !

II – PROPAGATION DES BRUITS

Comme cela a déjà été précisé dans ces pages, le son résulte d’une vibration de l’air. Il va donc se propager à travers tout ce qui peut entrer en vibration : l’air d’une pièce, les matériaux durs constituant les murs, le sol et le plafond. Lorsqu’un signal sonore est émis, il est généralement composé de différentes fréquences qui ne se propagent pas toutes de la même manière :

  • Les aigus sont relativement bien absorbés par les revêtements muraux,
  • Les fréquences situées dans le médium et les graves compliquent un peu les
    choses car elles se transmettent par les portes et les cloisons minces,
  • Les fréquences très graves émises par exemple par un sub-woofer sont très
    difficiles à éliminer car leur grande énergie fait qu’elles se propagent dans des structures assez lourdes.

Voilà donc le problème posé. Si vous avez un home-studio, un home-cinéma, un local pour vos répétitions ou tout simplement une belle chaîne HIFI qui délivre généreusement ses watts, le traitement acoustique du local va viser plusieurs objectifs :

  • Ne pas s’attirer les foudres des voisins qui pourraient être incommodés par vos activités,
  • Permettre d’exercer son activité quand on le souhaite,
  • Obtenir une bonne qualité de silence par une forte atténuation des bruits extérieurs (bruits de rue, circulation, voisins)
  • Optimiser la diffusion du son en améliorant l’acoustique générale d’une pièce (dynamique plus importante)

III – IDENTIFIER LES BRUITS

 

III.1 – Les sons aériens et les sons solidiens

Avant toute chose, le bruit doit être identifié. Une pièce est constituée de 4 surfaces, de portes et de fenêtres. Lorsqu’un son est émis, il va se propager comme le font les ondes produites par une pierre jetée dans l’eau. Les choses se compliquent lorsque ces ondes vont se heurter à une surface. En l’absence de traitement acoustique du local, celles-ci vont alors se réfléchir dans tous les sens, produisant un son loin d’être optimal, perturbé par des bourdonnements, des échos ou de la réverbération.

Les bruits transmis par l’air sont appelés bruits aériens. Ils seront traités au moyen de matières absorbantes étanches à l’air comme les matériaux fibreux. Mais le cheminement des ondes ne s’arrête pas là. Les parties solides, comme les murs ou les structures, vont également transmettre des bruits dits solidiens. On les traitera par une isolation acoustique réalisée au moyen de matériaux lourds et épais pour diminuer les résonances.


Mon conseil …

Le premier budget d’un studio son devrait être consacré a son traitement acoustique et à son isolation. On fait souvent des efforts pour acquérir des matériels très performants, mais que deviennent-ils dans une pièces remplies de sons parasites ?  Les meilleurs HP ne produiront jamais le son attendu dans des pièces inadaptées !

IV – LES CORRECTEURS ACOUSTIQUES

Un correcteur acoustique ou absorbant acoustique réduira les réflexions parasites qui se produisent lorsqu’un son est émis dans une pièce. Ces matériaux n’éliminent pas les bruits provenant de l’extérieur et n’empêchent leur propagation vers l’extérieur.
Le calcul du temps de réverbération d’un local donné nécessitera la prise en compte de tous les éléments et matériaux présents dans cette pièce. La correction acoustique n’est pas très difficile à réaliser car les matériaux utilisés sont relativement minces et légers. Ce type de traitement apporte un plus grand confort d’écoute.

Si on aime le bricolage …

En l’absence de budget suffisant pour engager des travaux sur les structures, vous pourrez néanmoins entreprendre quelques bricolages pour corriger l’acoustique de votre studio grâce aux tutos publiés sur le Net. On pourra couvrir un sol carrelé par une moquette ou des tapis épais. Sur les murs on piègera les fréquences en collant des panneaux de mousse acoustique ou des matériaux très absorbants. Il faut également meubler cette pièce en y plaçant des poufs, des fauteuils, un canapé, des plaids ou une bibliothèque garnie de livres et d’accessoires de décoration.  Des rideaux épais seront tendus devant les portes et les fenêtres et les fréquences très basses seront absorbées en collant des triangles de mousse « Bass Trap » dans les angles de la pièce. Attention, il ne faut pas être trop perfectionniste, car un excès d’absorption risquerait de rendre votre local un peu sourd en étouffant le son.

V – L’ISOLATION ACOUSTIQUE D’UN LOCAL

V.1 – Le traitement des murs

Cette opération qui, faut-il le préciser, ne doit pas être confondue avec l’isolation thermique, vise à supprimer les sons provenant de l’extérieur, mais aussi ceux transmis à l’extérieur du local. L’isolation acoustique est plus difficile à réaliser que la correction car elle met en oeuvre des techniques relativement complexes. Il faut apporter beaucoup de soin à sa réalisation car une négligence ne pardonne pas : le son passerait par le moindre endroit qui ne serait pas correctement traité. Il faut donc éviter de créer un pont acoustique au point de contact entre 2 structures.
D’autre part, une isolation acoustique digne de ce nom est généralement coûteuse et il ne semble pas inutile de se faire conseiller par un spécialiste avant de se lancer seul dans des travaux. L’isolation d’un local consiste à faire en sorte que les ondes soient absorbées ou réfléchies avant qu’elles ne traversent une paroi. Suivant le coefficient d’absorption des matériaux qui constituent la paroi, une part plus ou moins importante d’un signal sonore traversera cet obstacle.

La technique la plus courante consiste à réaliser une cloison double avec un vide d’air. Cet espace peut être rempli par des panneaux de laine minérale ou de laine de verre qui limiteront les réflexions internes (fréquences de résonance dans le bas-médium). Pour que cette double paroi soit efficace, elle doit reposer sur un matériau amortissant. Ce support évitera la transmission de vibrations par le sol et le plafond.
Dans le commerce, on trouve des panneaux décoratifs qui peuvent être collés à la cloison principale au moyen de blocs de mousse isolante. On peut aussi employer des fixations type silent-bloc. L’essentiel étant de disposer d’un vide d’air qui sera rempli d’absorbant.

Autre solution : On pose une armature métallique qui supporte un matériau isolant, puis, entre le mur et l’armature métallique on place des films de matériaux différents qui absorberont les vibrations. Le tout est recouvert de placoplâtre.

V.2 – isolation acoustique

V.2.1 – Aux grands maux les grands remèdes

Les instruments posés au sol, comme le piano ou la batterie, transmettent les sons par les structures. Cette propagation solidienne nécessite la réalisation d’un système spécial : isolation totale du plancher, du plafond, du sol et des murs. On réalise en fait « une boîte dans la boîte ». Si les tapis et les moquettes absorbent bien les sons, ils n’ont aucun effet sur la transmission des ondes sonores vers l’extérieur. Répétons-le, il ne faut pas confondre la correction acoustique avec l’isolation.

v.2.2 – Le plancher technique

Le son d’une batterie produit des bruits d’impact. Cela nécessite la réalisation d’un plancher technique totalement isolé de la structure. En fait, une chape flottante avec une sous-couche bien absorbante comme de la laine minérale, du caoutchouc ou du feutre bitumineux. Il faut éviter tout pont acoustique entre la chape et le gros-oeuvre. On supprimera les aspérités sur le plancher porteur ; on établira une bonne jonction entre les lés de la sous-couche pour éviter tout point dur lorsque la dalle de béton sera coulée.

La boîte dans la boîte

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Le principe consiste donc à éviter la propagation de vibrations induites par des instruments posés au sol. Pour ce faire, il faut construire un volume aussi désolidarisé que possible du bâtiment. L’ensemble repose sur le plancher technique flottant défini ci-dessus. Les cloisons verticales et le plafond sont constitués de matériau isolant venant s’appuyer sur une armature métallique avec quelques attaches élastiques. La pièce perd environ 15 cm sur toutes ses dimensions. Les points faibles qui subsistent sont la porte, qui devra donc être isolante, et les ouvertures indispensables pour la ventilation du local. Pour obtenir de meilleures performances, les profilés métalliques (ou tasseaux de bois) peuvent reposer sur un feutre suffisamment épais. Pour que ces procédés soient efficaces aux basses fréquences, il faut surtout que les désolidarisations soient parfaites.

V.3 – Le traitement des portes

Les portes légères constituent un excellent vecteur de vibrations. On peut opter pour une porte isolante lourde qui limitera considérablement la transmission de vibrations (de l’ordre de 40 dB). La surface sera recouverte d’un capitonnage absorbant les aigus. Enfin, cette porte doit être munie d’un joint périphérique de bonne qualité qui ne laissera pas passer l’air !

V.4 – Le traitement des fenêtres

Le problème des fenêtres est simple car de nombreuses solutions existent dans le commerce : double vitrage avec des épaisseurs différentes (de l’ordre de 40 dB) et pour une installation encore plus efficace, on peut doubler les fenêtres !!! La présence de volets en bois améliorera l’installation.

V.5 – Le traitement des canalisations et radiateurs

Le système de tuyauterie d’un bâtiment est le pire ennemi car les canalisations et les radiateurs propagent le son dans tout l’édifice. Il faudra donc penser à isoler toutes les fixations murales en remplaçant les colliers d’origine par des colliers d’un diamètre supérieur. Le tuyau sera alors isolé du collier par une mousse amortissante. Mais, le moins évident reste à faire : le traitement des radiateurs qui doivent quand même conserver leur fonction première c’est-à-dire la diffusion de chaleur…Dans un premier temps, on peut l’isoler du sol et du mur en utilisant des carrés de feutre ou de caoutchouc. On peut aussi placer face au radiateur un panneau de bois doublé d’un isolant tourné vers le radiateur. Cela suffit souvent pour éliminer des résonances médiums/aiguës. Encore des tuyaux ? Il faudra penser à traiter le système de ventilation si la pièce en dispose. Dans ce domaine, les conseils d’un spécialiste éviteront de grosses erreurs.

V.6 – Le traitement des sols

Le traitement du sol peut être réalisé en posant des panneaux absorbants sur solives. Le vide d’air ainsi constitué sera rempli par de la laine minérale pour limiter les résonances. Dans certains cas, on peut également poser des moquettes à fort pouvoir d’absorption.

VI – ON AMENAGE LE GARAGE DU BASSISTE

Qui n’a pas déjà vu les murs d’un garage ou d’un local de banlieue couverts de plaques de polystyrène ou de boîte à oeufs ? Certains de l’efficacité de cette trouvaille, les musicos répètent, alors que leur musique s’entend dans tout le quartier …
Le polystyrène est principalement utilisé en isolation thermique. Il n’a aucune efficacité dans le domaine acoustique. Ses caractéristiques font qu’il amplifie plus le bruit qu’il ne l’atténue ! Tapisser les murs et le plafond avec ce genre de matériau suppose que le local ne soit jamais trop éloigné d’une caserne de pompiers car le polystyrène est très inflammable et de plus il coule en brûlant.
A éviter absolument. Quant aux boîtes à oeufs, il semble préférable d’être copain avec le crémier du coin car il en faut beaucoup pour couvrir les surfaces à traiter. De plus, lorsqu’elles sont bien collées essayez donc de les ôter ! Ne pensez pas non plus qu’une bonne isolation thermique fera l’affaire car les matéraux utilisés dans ce domaine ne sont pas forcément adaptés à l’isolation acoustique. Une bonne isolation thermique peut aussi présenter des ponts acoustiques qui laisseront entrer et sortir le bruit sans aucune difficulté … Un bon isolant acoustique ne sera jamais mince et léger. Gardez toujours à l’esprit qu’il doit être lourd et que son épaisseur doit être de 4 à 5 cm. Abandonnez donc tous les tissus molletonnés ou le liège comme isolant principal.

Cette page ne donne que quelques informations très générales sur l’isolation acoustique. Si vous souhaitez obtenir des informations plus techniques sur les produits et les solutions à vos problèmes de correction ou d’isolation, vous pouvez consulter les sites Web spécialisés dans le domaine de l’acoustique.

Page publiée le : 07/07/2014
Dernière modification : 10/05/2020
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